Odette ROBIGO disait en 1980...
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- Catégorie : Généralités
- Publié le 5 août 2014
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TRIBUNE LIBRE par Odette ROBIGO, éleveur et juge qualifié S.C.C.
A l'heure actuelle, et depuis plusieurs années déjà, apparaissent sur les rings, très nettement, deux types de Colleys :
- Le type « classique », c'est-à-dire taillé en chien de berger, avec un corps plutôt long, ossature robuste, des allures longues et souples, couvrant beaucoup de terrain. Ces sujet ont de têtes en rapport, avec chanfrein bien plein, aucunement « pincé », le « stop » très léger et surtout la ligne de côté (qui va de la tempe au bout du museau) bien droite, et non resserrée sous l'œil.
- L'autre type, que j'appellerai « moderne » et qui donne des sujets généralement plus petits, plus légers et (particulièrement chez les femelles) un aspect « Bibelot » qui ne manque pas de charme.
Chez ceux-là, le dos est moins long (le fouet aussi, hélas !). La tête plus courte, parfois très courte, a un chanfrein très fin, par rapport à la partie supérieure de la tête (au-dessus des yeux). Cela donne une tête que je dirais en deux parties : partie haute (au-dessus des yeux) et partie basse (au-dessous), séparées par un stop très marqué. Certains les appellent : têtes anglaises... Pourtant en Angleterre comme sur le continent, on rencontre les deux types. De plus, là-bas comme ici, le standard est le même et il est et a toujours été, anglais...
Lorsque j'ai appris à connaître les colleys, en Angleterre et auprès des meilleurs spécialistes de l'époque (il y pas mal d'années !), ce second type ne se rencontrait pas. C'est pourquoi je le baptise « moderne ». C'est un type qui caractérisait uniquement la race Shetland, et c'était d'ailleurs ce qui différenciait nettement les deux races.
Aujourd'hui, un petit colley de ce type ressemble beaucoup à un grand shetland. Comme de nombreux amateurs de shetlands ont cru bon de baptiser leurs shelties du nom de « Colleys nains », la confusion devient chose courante. Les acheteurs de chiots parlent maintenant de colleys grands, moyens ou nains ! Je n'invente pas c'est ainsi.
Je trouve que c'est dommage, les deux races étaient bien différentes, et la ressemblance de l'une d'entre-elles avec l'autre était considérée comme un grave défaut.
Le type « colley » ne doit pas dégénérer, même si le type genre « Grand Shetland » est particulièrement agréable à l'œil. Les amateurs de Bergers d'Ecosse tels qu'ils les aiment, c'est-à-dire avant tout chiens de bergers, se détachent de la race pour avoir trop vu ces sortes de Colleys qui ne répondent pas à leur idéal.
Et ceux qui aiment ce type se dirigent alors carrément vers les Shetlands qui de ce fait bénéficient de cette mode, et je m'en réjouis pour eux. Mais je crois qu'il est dangereux de persister dans l'élevage de « Colleys Bibelots », ou alors appelons les « Shetlands géants » ! Pourquoi pas... Ça fera la différence avec le vrai colley, et il y a peut-être une place à prendre. Bien sûr, je plaisante, et ce n'est sans doute pas du meilleur goût, mais les « colleys nains » m'agacent, alors que les shetlands, j'aime beaucoup.
Je souhaite que beaucoup d'éleveurs (et de juges !) partagent mon point de vue. Méfions-nous de trop sacrifier à la mode, à un certain engouement passager. Restons fidèles au standard de la race qui, à part quelques mises au point ayant pour but de clarifier le texte, n'a pas changé.
Si une petite touche de « modernisme » dans l'appréciation du standard peut se concevoir, ne fabriquons pas une nouvelle race qui n'a rien à gagner auprès du public.
Les gens qui achètent vos chiots, ont une image très précise du colley qu'il espère depuis leur tendre enfance. Ils en rêvent depuis les aventures de « Lassie »... Evidemment, la « Lassie » du film (qui était jouée d'ailleurs par un mâle, américain de surcroît !) n'est pas un modèle et ferait triste figure sur un ring, mais c'est vraiment un colley, très imparfait sans doute, mais un colley.
Si vous montrez à ces vieux enfants amoureux de « Lassie » un « Shetland Géant » (je parle du type), ils seront déçus, invariablement. Ils iront souvent acheter un colley sans pedigree et sans valeur, mais à leurs yeux plus conforme à l'idée qu'ils s'en font.
Il faut donc faire du colley de plus en plus beau, mais sans copier une autre race, aussi mignonne soit-elle.
J'ai d'ailleurs, depuis peu de temps, noté un net redressement de la situation, ce qui laisserait penser que les éleveurs ont vus l'écueil, alors j'espère que les juges les aideront dans cette nouvelle direction que je crois bonne.
Ce point de vue sur l'évolution de la race, n'engage que moi. De nombreux articles lus ces derniers temps dans la presse canine étrangère, me confortent dans mon opinion. Beaucoup de cynophiles connaisseurs de notre race (et non des moindres, y compris les Anglais eux-mêmes) sont de cet avis, et un mouvement de « retour aux sources » est amorcé, Je m'en réjouis et je crois qu'il était grand temps.